The Endless River [Pink Floyd]
Prendre une pagaie.
Mettre le canoë à l’eau.
Gilet de sauvetage, bières de secours.
Se laisser porter par les flots.
La brume épaisse, pas d’horizon.
Lentement.
Comme la vie est un long fleuve tranquille.
Regarder son pied et se dire quel pied.
Combien d’années que tu n’as pas pris ton pied avec la bande à Gilmour.
Cela devait remonter à la bande à Waters. C’est dire…
Autant dire même une éternité,
Le temps que la comète fasse le tour de la voie lactée ou maltée.
Mais tu seras d’avis que cela vaut parfois le coup,
Non pas d’explorer la voie maltée
Mais d’attendre, une ardente patience même.
Tu seras d’avis également que mon avis n’a au final si peu d’importance,
Car il est d’avis public – voir de notoriété –
Qu’un Pink Floyd garde toute son importance
Auprès d’une petite légion d’irréductibles
Romains, Gaulois ou Autres
Sans distinction de sexe et de bières.
Je dis ça en voguant parce qu’il se trouve que certains de ces irrémédiables fans
Préfèrent un verre de Suze à un verre de bière,
Même pour écouter « The Endless River »
Le grand retour du groupe au nom de flamants roses.
Pagaie, pagaie,
La brume s’est dissipée,
L’eau est plate, pas un remoud.
Tu vogues toujours droit devant,
Vers cet horizon infini
Où le ciel, tout au bout, se mélange à la rivière.
Tu te demandes si un jour tu reverras la fin,
Arriveras à la source ou à l’embouchure,
Et poseras ton canoë sur le rivage.
Boire à même une noix de coco,
Avant de t’allonger nu sur le fond sablonneux.
Pagaie, pagaie,
La musique te porte,
Grandiose, majestueuse,
Solennelle.
Elle t’emporte dans les souvenirs grandiloquents
De « Shine on Your Crazy Diamond ».
Elle t’embarque à la frontière du rêve et de la somnolence,
Te faisant presque toucher l’illusion éphémère de « Ummagumma »,
Guitare omniprésente et saxophone occasionnel donne des airs
De « Dark Side of the Moon »,
Tandis que tu aurais presque envie de remiser juste un soir
Ton « Animals » au placard,
Mais juste un soir.
Alors tu continues de pagayer, de pagayer
De peur que la musique ne s’arrête,
De peur que le spleen ne s’estompe,
De peut que le rêve s’achève si brutalement.
Alors oui, tu espères secrètement que l’usage du temps
N’érodera pas trop vite cette musique,
Qu’elle n’est pas juste ancrée dans ta mémoire
Comme une nouveauté passagère,
Aussi aérienne que de l’hélium dans un ballon
Ou qu’un disque de Céline Dion.
Et pourtant, tu planes
Juste au-dessus des flots,
De cette rivière sans fin et sans fonds,
À quelques centimètres au-dessus de ton canoë.
Ton regard tourne autour de toi,
360° à l’horizon
Et pas une âme pour partager cet état,
Le majeur à l’affut d’un moindre mouvement sur le rivage
Ou dans le sillon de ton canoë.
Cette musique est partage et communion,
Cette musique est sensuelle et érotique,
Cette musique est tripante et bandante.
Cette musique est le meilleur de Pink Floyd depuis « Animals ».
Le soleil s’évade au loin à l’horizon,
Pagaie, pagaie,
Un jour tu le rejoindras
À t’en brûler le majeur.
Le paysage défile sur cette rivière,
Tu sors ton vieux bouquin,
Corné, effrité, jaunie par le temps et le vent,
De Henry David Thoreau,
Et tu relis intérieurement cette citation :
« 8 avril. Je veux parler de deux chênes robustes, qui, côte à côte,
Résistent à la tempête de l’hiver,
Et malgré vents et marées,
Croissent et font de la prairie la fierté,
Car tous deux sont forts.
Au-dessus, ils se touchent à peine mais
En remontant jusqu’à la source,
Émerveillés, vous découvrirez
Que leurs racines sont entremêlées
Inséparablement. »
Pagaie, pagaie,
Tu te remémores ces paragraphes à voix haute,
Parce qu’elle t’inspire, la musique et Thoreau,
Et tu as pris sacrément ton pied,
Avec cette musique.
Manque juste une femme dans ce putain de canoë,
Une putain de belle femme,
Au moins pour décapsuler les bières
Pendant que tu pagaies, pagaies
Sur cette rivière sans fin et sans retour.
« The Endless River » [2014], pagaie, pagaie…
Triple tabarnak… Bison ! Ben oui, j’en suis toute remuée en dedans de ta prose Floydienne!
Comment arriver à dire tout ce que je ressens, là, maintenant. À quel point ça fait presque mal en dedans tellement c’est bon! C’est à la limite du tolérable, la douleur inévitable d’un membre de la légion d’irréductibles. Entre nostalgies, euphorie, avec ton majeur tu touches au sublime!
C’est grandiose, c’est de la Musique, c’est la vie, c’est sensuel, c’est une impulsion divine, qui te porte, t’emportes ailleurs, qui te fait planer. C’est le côté sombre de la lune! Un spleen sur la gamme des émotions…
C’est plein de nostalgie, c’est la guitare à Gilmour, un hommage au Syd, SOYCD en 11 minutes 53 secondes d’émotions extrêmes, Ummagumma hummmmm…….. le cri de l’Animals!
Hey Youuuuuuuu, out there in the cold, getting lonely, getting old, can you feel me? Hey you……… Bon d’accord je m’arrête là. C’est long mais tant pis, fallait bien que ça sorte! Je reprends ma pagaie et remets mon canoë à l’eau. Mais je repasserai ici avant de prendre le large…
Merci Bison pour ce tabarnak de billet jubilatoire!
Phil! Il l’a fait not’Bibison!!!
Tabarnak, j’avais oublié l’inspiration divine !
C’est que je suis convaincu que c’est un très bon album de Pink Floyd.
Oui il l’a fait et j’en suis tout ému !
Tu as réussi à ma faire couler une larme !
Stop bon sang !!! J’aurais peut etre pas du me replonger dans Charles B. avant peut-être parceque tu as ébranlé le mur ….
Sacré Bibison, putain tu commences bien l’année toi !!!!
C’est pas une larme qui coule…
On ne peut pas bien démarrer l’année sans revenir aux fondamentaux : Bukowski, par exemple.
oui la base ….
ca et l’aiki
Le disque est très beau et terriblement émouvant et je pense à ma vie s’il n’y avait pas eu (entre autres) Pink Floyd.Et j’en frissonne. Bison tu as ta place au Rock’n'roll Hall of Fame. Bravo.
Houuu, moi je n’ai ma place nulle part…
Side 1 : de 5 :56 à 9 :23 des frissons le long de la colonne vertébrale. Sans bière, sans Suze (surtout sans Suze d’ailleurs), juste les musiciens et moi.
Quel beau texte du bison au passage, en préambule.
je te comprends parfaitement pour la Suze !
pourquoi sans suze ??? pffffff
c’est un problème de foie ca !!!!
La Suze c’est d’la binouze?
Non ! c’est une liqueur de gentiane, plante amer indiquée pour les problèmes hépato-digestifs …
C’est pour c’te raison que y’a que les gars de la Yaute qui y en boivent !
Je me revois à Vallon Pont d’Arc en Ardèche. Un feu de bois, les canettes de bière, les sacs de couchages à la belle étoile et cerise sur le gâteau Pink Floyd en fond sonore. C’est pas le top sans déconner !
Et le lendemain la descente de l’Ardèche
Pagaie Pagaie !!!!!! Tu vas bien toi !!!! Tu peux me dire pourquoi dans tout le groupe c’est à moi que l’on a piqué, dans la nuit, une de mes pagaies !
Tu m’étonnes que je tourne en rond dans mon canoë ^^
Moi blonde ?????!!!!!!
Ah bon !!
Je rejoins Nadine et Phil, superbe billet et extraits !
Moi la seule fois que j’ai fait la descente de l’Ardèche en Canoë, il n’y avait pas de Pink Floyd, ni de cerises. Juste des Pelforth brunes…
et pour soirée PF en plein air, belle étoile
ca ….. j’achète !
et baiser en plein air, à la belle étoile, sur une musique de Pink Floyd, j’achète aussi. Paiement en liquide.
PS : pas avec toi Phil !
Je vois comme une Ribambelle de Bisons_Roses emportés par un Phil qui glisse sa pagaie de Thoreau entre les seins de Chrisdu26 et les cuisses de Nadine devant le regard ensuzé d’Eeguab le sage…
The endless river pour une grenoUille_rose enivrée de suze-coco et de Pink Floyd…
WaouwWww je plaaaaane….
Quelle verve manU. Tu as Tout compris de l’esprit Pink Floyd. Je laisse de côté les pagaies de Phil et Eeguab pour m’enivrer des cuisses de Nadine et des seins de Chrisdu26 ou inversement (ça dépend des mensurations de chacune)…
Ah ouai, tu appelles ca une pagaie toi !!!
Alléchant comme programme…
n’est-ce pas… A lécher, même…
Je vois qu’on s’éclate derrière notre dos !!!!!!!!
Nadiiiiiiinnnnne Au secours !!!!!!!!!!!!!!!!
J’arriiiiiiiive! Non mais, t’as entendu ça???
En effet, y’en a qui s’éclatent grave!!!
Et l’âme dans tout ça??? Pfffff…… des vrais mâaaaaale!!!! Pagayez les gars, pagayez, la route est longue en tabarnak…!
Hummm derrière en plus…
Lolllll
alors toi !!!
Moi je dis que c’est irrécupérable…
l’appel du derrière, ça ne se refuse pas…
C’était la citation du jour !
je repagaie par la parceque c trop bon !!!
ca c du son
ca ca t’envoie loin …..
pagaie pagaie
et tiens bon la barre moussaillon !
Oh, belle chronique pour un très bel album du Floyd, enfin le dernier.
Tu restitue sans doute mieux que d’autres les impressions de cette rivière sans fin qui s’écoule à l’instar de toutes les pistes instrumentales. Je n’aurais pas mis 5 étoiles mais plutôt 4 (décidément « louder than words » passe pas chez moi). Mais un des albums marquants de 2014 quand même.
Ma chronique : http://dvdtator.canalblog.com/archives/2014/12/20/31169054.html
Chouette blog que je découvre au passage. Jiro Taniguchi, de la bière, pink floyd… Ma foi, je ne dis pas non à ces cocktails.
Je reconnais. Compte tenu des albums des années 70, celui-là ne vaut pas les 5 étoiles. Je serais resté sur 4.5. J’ai été certainement pris d’un certain entrain, d’une joie si immense de les retrouver, d’un élan d’optimisme à écouter ces albums dans 30 ans, comme c’est le cas pour Ummagumma, Animals ou More… et tant d’autres de cette époque.
La bière y est souvent présente, effectivement. Comme une part de ma vie !
quand on voit les albums qu ils ont fait … franchement ….
sur le temps …. franchement …
C’est une evidence …. franchement ….
il faut accepter le temps, le vécu, et se laisser aller sur l avant, sur cette rivière …. franchement ….
et ca vaut les 5 ….. franchement !
Oui, somme toute un très bon disque où l’on revient régulièrement au final !
On verra dans trente ans, vieux, grabataire et demandant à l’infirmière qui me pique mes bières de mettre ce disque sur la platine…
ca existera encore tout ca ?
je ne sais pas si ça existe encore, mais j’espère bien que la dame en blouse blanche ne touchera pas à mes bières, et qu’en plus elle aura un beau cul. Après que la musique de Pink Floyd tourne encore ou pas…