Love Songs : Cosmic Dancer
Dehors, ça braille, ça gueule, ça se bastonne. Du sérieux. Une guérilla urbaine. Flics contre hooligans. La belle époque. 1971. Celle d’un foot à haute teneur ajoutée en testostérone et en coups de boule. Tu t’es, une nouvelle fois, bien foutu sur la gueule quand ton équipe, Arsenal, a encore perdu face à Chelsea. Bruler les écharpes, castagner contre l’autre, l’ennemi de toujours, celui qui la ramène avec sa victoire écrasante. Une nouvelle fois. Quelle époque où tu essuyais tes Dr. Martens sur la gueule de l’autre. Cela fait du bien de se lâcher le samedi soir dans cette Angleterre d’une putain de laideur, bourrée d’usines abandonnées, de villes fantômes où traînent des gosses désabusés et des parents dégénérés. Et t’as même pas eu le temps de donner plus de cinq coups de battes à l’autre bâtard que les flics s’amènent déjà. Tu files, tournes à droite, dans la petite ruelle mal éclairée. Tu fais comme si de rien n’était, pisse un coup contre le réverbère éteint. Tu reviens dans la rue en sifflotant, tentant tant bien que mal de cacher la tâche de sang sur ton blouson. Et là, tu découvres ce pub illuminé. Tu t’infiltres dedans, pose ton cul sur un tabouret et attends ta pinte. Puis ta deuxième. Quand tu la vis, assise à l’autre bout du comptoir. Une brune à la longue chevelure noire de jais. Elle dénote au milieu des blondasses décolorées, et des rousses irlandaises. Elle te sourit. Une mini-jupe en cuir et de longues bottes. Un pull moulant et échancré, un pendentif masquant à moitié un grain de beauté sensuel. La blancheur du visage surligne ce léger décolleté. A croire qu’elle est restée cloîtrée dans ce pub blafard tout l’hiver. Du revers de ton blouson, tu essuies la mousse du coin de ta bouche. Le gros dur qui est en toi sent sa carapace fondre. Impossible de résister à un tel sourire. Tu t’approches. Elle ne prend pas encore peur. C’est bon signe. Tu lui demandes ce qu’elle fait seule à cette heure-ci, dans ce pub rempli de chômeurs alcooliques, de bons pères de famille pervers et de gamins drogués. Elle semble gênée de cette situation mais tu comprends que son mec est parti se faire défoncer la tronche au stade. La délaissant une nouvelle fois pour ce soir. Tu lui commandes une nouvelle pinte. Elle épanouit encore plus son sourire, se lève jusqu’au juke-box, glisse d’entre ses doigts une pièce dans la fente, te fixant de son regard perçant, faisant un mouvement de succion de son majeur en attendant que la musique vienne… Elle éclate de rire. Un rire magique, ensorcelant. Ses yeux, son sourire, t’es déjà en sueur ; Top chrono, l’érection est déclenchée. La sono crache son « Cosmic Dancer », belle œuvre de Marc Bolan, alias T. Rex. Tu l’adores déjà. Elle revient sur son tabouret, en laissant trainer sa main sur ta cuisse. Elle a senti cette envie en toi, ce désir profond qui s’est dressé sous ton jean, pas loin de faire sauter les boutons. Elle boit une gorgée, la mousse s’étale sur ses lèvres, te donnant l’envie de l’embrasser pour nettoyer cette mousse, sentir le parfum de ses lèvres (goût cerise, une certitude). Par pure formalité, tu lui demandes son prénom même si tu sais que cela n’a plus vraiment d’importance, ni même de sens. Au lieu de te répondre, elle te fait un clin d’œil qui en dit long, elle t’a percé à jour la garce, accompagné d’un formidable rôt venant du cœur et du tréfonds de son âme. Putain, tu te dis intérieurement que tu pourrais tomber amoureux d’une femme qui rote aussi bien sa bière…
et partir avec elle dans l’intimité du cosmos.
Danse avec elle, danse en elle.
Et pour continuer à chalouper corps contre corps,
retour sur les épisodes précédents :
- In The Garden : Van Morrison
Love Songs, Un partage de corps autour d’une musique.
Très bon texte de pintes et de sueur, d’amour et de solitude, d’angoisse au moment du penalty, et T.Rex… Si on nous rendait Marc Bolan et son glam rock pour un temps. Ha, Get it on, Hot love, Children of the revolution, Metal guru. Le blafard te va bien cher Buffalo.
Le blafard et les pintes, cher ami.
L’un ne va pas sans l’autre.
Je savais bien que tu étais un homme de parole Bison…
Bolan, quel bon choix, je l’adore et celle-ci en particulier. Ça c’était de la musique. « Is it wrong to understand. The fear that dwells inside a man. What’s it like to be a loon. I liken it to a balloon.”
Ce passage me rappelle une chanson de Pink Floyd. L’Amour cosmique, c’est ça…
Et pas que de parole. Un homme de main aussi…
Tout est prétexte pour te rappeler Pink Floyd.
Si tu causes Pink Floyd et Amour cosmique, je sens qu’il y en a un qui va s’empresser de venir faire son tour ici !
Sacre Bibison, en plus t devin !
En même temps tu fais tout pour m’y attirer !
Et en plus y’a l’année !
Mais pour l’amour cosmique, je me suis égaré dans je ne sais pas quelle galaxie, c’est la quête du Grall ça, a moins que ce soit le trou noir !
euhhhhhh ….
Très belle illustration du vibrato magique et envoûtant du roi Bolan grâce à ce texte qui passe sans coup férir de Light of love à Hot love en passant par l’indispensable danse cosmique bien entendu.
Bolan est trop souvent oublié. Pourtant, il a apporté beaucoup avec son « glam-rock ».
Qu’est ce qu’elle est jolie cette balade… ça donne des idées… j’adore et oui je découvre, je ne connaissais pas… Et puis ce léger trémolo à la fin des mots …
En revanche tu es venu gâcher cette poésie avec cette garce qui vient de te roter à la figure …
Pas très glamour ça ^^
Mais j’ai beaucoup ris, le majeur, la braguette, la pinte, très belle imagination !!! Du pur Le_Bison…
N’en dis pas plus, cela va m’exciter…
Les gars au léger trémolo méritent d’être plus connus !
Quelle garce, mais quelle grâce aussi !
Je ne sais pas comment cela doit être pris
C’est sûr, dès le matin: T Rex et ce texte…ça promets une journée inoubliable
Une journée avec le Bison est déjà une journée inoubliable…
Et sans « s » à « promet » c’est encore plus mieux
Ben dis donc, c’est chaud ici… ^^
Et joli morceau !
Toujours !