Délivrance [James Dickey]
Une rivière, 4 hommes et un bison. Voilà de quoi résumer au plus juste ce livre dont le film de John Boorman a tant marqué mon adolescence. J’en ai encore de frissons rien que d’entendre les quelques notes de banjo venues depuis, hantées mon esprit lorsque je m’abreuve nu au bord d’une rivière.
La proposition était alléchante, une randonnée en canoë. Je me rappelle à mes bons souvenirs, les bouteilles de Pelforth descendues sur la descente de l’Ardèche. Un petit coin de sérénité, le ciel bleu. Là, on me propose un truc de mecs, bien plus viril et sauvage. Du whisky et la Géorgie avec la rencontre d’une ethnie d’en terre inconnue – d’ailleurs, cette terre est toujours inconnue – très traditionnaliste surtout pour la distillation d’alcool et les rapports consanguins que je pressens, le genre de peuplade autochtone adepte de la sodomie.
« La nature se dépliait dans le silence. Je me dis que c’était le moment d’avoir peur, et la peur vint aussitôt. Ce qui me saisit le plus, ce fut la magnifique impersonnalité du paysage ; je n’aurais pas cru qu’elle pouvait me frapper ainsi tout d’un coup, ni avec une telle force. Ce silence et ce bruit du silence n’avaient rien à voir avec nous. Ils n’avaient rien de commun avec la petite ville où nous venions de passer, avec son pauvre éclairage dans la nuit de la montagne, ses cafés, ses visages de paysans dans la lueur lasse des fils électriques bricolés sur la place, son unique cinéma où l’on projetait un vieux film qui passait en émission de nuit sur les écrans de télévision de la grande ville. »
La forêt, les rapides, la solitude du chasseur braconnier devant sa proie, quelques bouteilles de bières, une guitare pour la nuit étoilée autour d’un feu de camp improvisé en espérant que mon briquet ne tombe pas à l’eau. J’ai encore l’âge de cette aventure, qui ne peut se refuser, avant de mordre la poussière et de mettre un pied dans ma tombe. La dernière chance à saisir.
Quelle réjouissance ! Je ne parle pas encore de jouissance mais cela devrait venir, la fraicheur de l’eau venant à gicler sur mon visage, la verticalité de la paroi rocheuse est si vertigineuse, la forêt si luxuriante, les oiseaux se sont tus, le soleil brûle, et j’observe cette descente comme si j’y étais, moi-même dans ce canoë tenant l’arc bandé à viser le gibier sauvage… Quelle aventure, quelle beauté, quel whisky même. A en perdre la vue.
« La rivière était très froide ; on eût dit qu’elle charriait encore de la neige et des glaçons. Mais c’était une eau merveilleusement limpide et vivante ; elle se brisait autour de vous comme du verre et se ressoudait intacte. Je nageai un peu dans le sens du courant ; j’aurais volontiers renoncé à tout effort humain – j’étais las de tous les efforts surtout les miens – et continué à descendre mort ou vif au fil de l’eau. »
Et cette musique qui trotte dans ma tête. Presque absente dans le roman de James Dickey mais si présente dans mon inconscient qu’elle me met presque mal à l’aise, prêt à gerber les bières que je me suis descendu au cours de la première partie de cette promenade champêtre. Le premier jour est presque convivial, la grosse virée entre potes avant de mourir à petit feu, bouffés lentement par la vie citadine. Le soleil s’abaisse sur l’horizon, et déjà la forêt se met à changer, le bruit des rapides devient plus sourd, la nature reprend son droit sur l’homme. La virée va tourner. Dramatiquement. Cela se sent, cela se lit, la lecture devenant plus oppressante. Il ne sera plus question d’aventure mais de survie.
Quatre hommes blasés et une grenouille en canoë. Quand l’homme se confronte à la nature. Quand l’homme est confronté à l’homme. Et les grenouilles ?
« Je m’allongeai et me laissai porter par la rivière, vers les cauchemars et les sueurs nocturnes qui viendraient plus tard, pas ici, pas encore. »
Mais je ne pouvais te laisser en rade sur les dernières phrases de ce bouquin, vieux des années 70. Je poursuis donc ma quête de nature et de canoë, en visionnant le film de John Boorman. Jon Voight, Burt Reynolds. Vingt ans à minima que je ne l’avais pas revu. Au moins. Le plaisir intact, tout aussi marquant que la première fois. Surtout avec cette introduction au banjo. Une merveille. Une ode à la nature, à la survie et à l’âme humaine qui s’enfonce dans la violence, dans la sauvagerie. La survie en milieu hostile diraient certains commandos. Cette rivière en Géorgie, crois-moi, a tout l’air d’être hostile. Maintenant, avec le livre en poche, le film en souvenir, je suis prêt à redescendre l’Ardèche. Tu me suis ?
« Délivrance » et quelques notes de banjo.
Un putain de bouquin et un putain de film !!
et un putain de commentaire. Bravo, p’tite grenouille.
Comment oses tu ternir l’image de MON Ardèche, MA descente, MON Vallon Pont D’Arc avec ce film horrible, ignoble. Le son de ce banjo me donne la nausée ! Tu n’avais pas le droit !
J’ai descendu cette crue une bonne dizaine de fois et à cause de toi je ne la verrai plus de la même façon !
C’est inhumain ce que tu viens de faire !
Non je ne te suis pas !
Je ne sais pas comment tu vas te rattraper mais il va falloir que tu pagaies longtemps mon vieux !
Rahhhhhhhhhhhhhhhhhh !! Pas contente ! RAME !!!!!
Cuduort !
Ben quoi, tu n’aimes pas la nature ? Regarder Passer les oies sauvages
Elles s’en allaient Vers le midi La Méditerranée
Un vol de perdreaux Par dessus les champs Montait dans les nuages
La foret chantait
Le soleil brillait…
C’est beau la nature, et le bord d’une rivière, le chasseur…
Je ne trouve pas que ce soit une ode à la nature : elle est imprévisible, dangereuse et ceux qui vivent à son contact sont carrément tarés…
Une ode à la nature, mais pas à l’âme humaine ! Si les hommes sont tarés ou sodomites, pas sur que la nature ou cette rivière y soient pour quelque chose
Pour l’ode à la nature et à l’amitié je préfère Dersou Ouzala de Kurosawa !
Tiens, celui là, il faut que je le re-regarde !!
Ben tu vois je l ai rerevu là pour les fêtes …
Ben j me fais peut etre vieux, mais suis passé à côté de pleins de choses quand je l’avais vu étant jeune !!!
Vraiment content de l’avoir revu tu vois ! Comme quoi un chef d’œuvre se découvre et se redécouvre … comme une femme quoi !
« Un putain de bouquin et un putain de film !! »
Je cite Manu qui a tout dit. J’ajouterai que j’ai vu le film à sa sortie. J’avais 21 ans je crois. Tellement marqué que ne n’ai jamais voulu le revoir. Il est pourtant dans DVDthèque depuis longtemps.Je ne m’y résous pas. Lu le livre,, excellent, mais lu après le film, ça fausse un peu les impressions. On cherche les autres rôles très forts de Reynolds et de Voight (pour ce ernier il y a quand même Macadam.. et Retour. A bientôt cher Bison.
Je l’ai eu longtemps dans ma DVDthèque, mais je n’avais pas le courage d’affronter seul cette histoire. Il m’a fallu lire le roman pour me pousser à revoir les images. Un putain de bouquin et un putain de film.
Jon Voight, bien sur, c’est pour moi le Midnight Cowboy, mais aussi plus récemment, dans la série Ray Donovan… Quand à Burt, à part Délivrance, je ne connais pas grand chose d’autres…
Bon j’fais plus la goule !
Mais on touche pas à ma descente…. (de l’Ardèche j’entends) !
J’me ferai bien un bivouac avec un bon feu de bois, un bon Pink Floyd, quelques binouze … (mais s’il te plait plus ce banjo!)
Tu me suis ? ^^
Aller vas y, fais toi plaiz, tu peux me mettre un râteau
Joli Billet l’ami
Tu as un gilet de sauvetage ou tu as les bouées intégrées ?
Des brassards … ça ira … glou… glou .. glou —————–
Tu vois, elle a tout dit la !
Un bon Pink Floyd, quelques binouzes …
La descente peut se faire …. délivrance !!!
je ne sais pas si, par contre, elle s’y connait en descente… de binouzes !!!
ca s ‘apprend vite si y a le bon guide !
Je ne connaissais pas le livre, mais le film oui. Je ne savais pas avant le visionnage qu’un homme pouvait aussi bien imiter une truie…
Groink, Groink, l’homme doit avoir un certain patrimoine génétique en commun avec la truie. Du moins, en Géorgie !
Je te suivrais bien, mais seulement si tu es habillé…..
désolé, mais dans la nature, je me promène toujours nu…
C’est quoi « cuduort » ???
Faut sortir de ta campagne…
On ne parle pas verlan en Charentes
J’ai adoré ce livre qui est vraiment glaçant et génial ! Le film est aussi très bon ^^
le roman glaçant, la rivière glacée et le whisky sans glace.
Rooo le film il a bien marqué tout le monde on dirait !!!
J’étais seul un soir chez ma mère quand je l’ai vu et j peux te dire que j’entend encore couiner le gars, je l’entends faire l’cochon
Tu m’étonnes qu’il faille un Laphroaig après ca !!!
Moi, je prends le Laphroaig avant le couinement
et après aussi…
Tabarnak de film (j’ai pas lu le livre), tabarnak de descente (aussi extrême j’préfère la descente de BDC), tabarnak de banjo (c’est le majeur qui gratte?), tabarnak de début d’année en émotions fortes!
Mautadine, ça t’arrive souvent de t’abreuver nu comme ça au bord d’une rivière?
Je suis proche de la nature, alors dès que je peux me foutre à poil… En plus c’est plus pratique pour pisser dedans !
Bonjour le Bison, il faudrait que je lise le roman. Quant au film, je l’ai vu bien après sa sortie, lors d’une diffusion à la télévision. Impressionnant mais je ne me suis pas sentie forcément concernée par l’histoire n’étant pas une adepte du nudisme au bord d’une rivière ou ailleurs. Bon dimanche à toi;
L’histoire vaut la peine d’être vécu, adepte ou pas de la chasse et du naturisme